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Sri Lanka: Rencontre avec un moine bouddhiste

Cette rencontre avec un moine bouddhiste au Sri Lanka a été l’une des expériences les plus intéressantes et mémorables que j’ai pu faire dans ce pays. Les membres du clergé sont difficilement approchables, surtout par les femmes, alors j’ai vraiment mesuré ma chance ! J’ai véritablement considéré comme un privilège le fait que ce moine bouddhiste me consacre deux heures de son temps, tout d’abord à me faire visiter le monastère, puis à répondre à mes questions sans en éluder aucune. Ces deux heures d’entretien m’ont aussi fait découvrir à quel point j’aimais poser des questions et les retranscrire ! Le début d’une nouvelle carrière grâce à cette rencontre extraordinaire ?

Il y a quelques mois, j’ai fait une rencontre extraordinaire. J’avais toujours rêvé de faire une telle rencontre  et  je n’aurais jamais pensé cela possible. Durant mon dernier séjour au Sri Lanka, j’ai demandé à la Directrice du centre de Cure Ayurvéda dans lequel je séjournais si elle pouvait m’arranger une rencontre avec un Sri Lankais. Je voulais lui poser des questions sur son pays, de façon objective et je l’espère, constructive… Je trouve que l’on apprend toujours plus sur un pays en interrogeant ses habitants et cela permet, en général, de faire des belles rencontres.

Finalement, la Directrice est venue me voir en me disant qu’elle avait arrangé une rencontre avec un moine bouddhiste qui vivait dans un monastère pas très loin du Centre. Comme ce moine ne parlait pas anglais, j’ai eu le privilège d’avoir un interprète sri-lankais pour m’accompagner. J’étais sur un petit nuage car je sais qu’il n’est pas facile d’approcher les moines bouddhistes.

Photo extraite d’Unsplash

Le jour J

Je pars avec le chauffeur et l’interprète. J’ai un carnet et un stylo, comme une vraie journaliste.   Le temple bouddhiste (construit il y a 10 ans)  est magnifique et entouré de Bouddhas blancs. Nous visitons tout d’abord l’extérieur, avec des beaux arbres et des statues de Bouddhas. Nous apercevons quelques moines avec leurs robes orange. Il règne une telle atmosphère de sérénité et d’harmonie, c’est impressionnant !

Le moine arrive et nous conduit à une salle de prières dans l’enceinte du Temple. Tout est beau, aéré, silencieux. Nous nous asseyons sur des coussins par terre pendant que le moine s’assoit sur un pouf. Je demande à l’interprète de  le remercier de bien vouloir m’accorder cet entretien.

Je suis un peu impressionnée mais il me met vite à l’aise par son attitude « zen ». Il est un peu étonné de mon intérêt pour son pays mais nous allons parler pendant 2 heures sur des sujets très différents et j’ai l’impression qu’à chaque fois, il me répond franchement et sans tabous.

Situation générale au Sri Lanka

Nous avons tout d’abord parlé de la situation politique au Lanka qui a été en guerre de 1983 à 2009. Certes, tout est rentré dans l’ordre maintenant mais, malgré tout, des tensions subsistent encore. Tous les « déplacés » Tamouls qui ont dû quitter leurs maisons pendant la guerre n’ont pas retrouvé de logement et l’armée est encore omniprésente dans cette région du Nord de l’île.

L’école

Ensuite, la conversation s’est concentrée sur le système scolaire. J’ai été très surprise d’apprendre que l’école n’était pas obligatoire. Le système est basé sur le système britannique  et les enfants portent tous des uniformes.

 Les enfants scolarisés portent l’uniforme

Il est difficile de recruter des professeurs pour travailler dans les villages et ils ne sont pas bien payés. Le moine m’a parlé d’une école qui a été construite par les propriétaires du Centre de cure. Cette école est destinée aux enfants pauvres du village qui ont ainsi la possibilité d’apprendre l’anglais, l’allemand et le russe. Ils suivront aussi des cours d’informatique. Cette éducation leur permettra de quitter la rue, de trouver un travail et de ne pas courir les rues en vendant de la drogue.

Le plus dur, apparemment, est de faire comprendre aux  parents à quel point il est important que leurs enfants aillent à l’école.  Il a aussi ajouté que la prostitution infantile avait commencé il y a quelques années avec l’arrivée des touristes et que c’était un problème sérieux pour le pays. Mais il y a des lois maintenant qui punissent les touristes « indélicats ».

Le moine a aussi déploré l’addiction des enfants sri-lankais pour Internet. Je lui ai dit que c’était un problème mondial que nous connaissions aussi en Europe ! De même, il déplore que les étudiants diplômés quittent le pays, ce qui est dommage pour le développement de celui-ci.

La corruption

Bien que le Sri Lanka soit un pays riche (et magnifique à visiter de part ses plages, ses plantations de thé, sa culture) qui a de nombreuses ressources (industrie textile, thé, tourisme, pierres précieuses, riz, épices …), le pays est en proie à une corruption endémique qui sévit dans tous les secteurs et en freine le développement.

Une société diversifiée

70% de la population est Bouddhiste, environ 12% sont Hindous, 7% sont Musulmans et le reste sont les Chrétiens. Les communautés cohabitent pacifiquement ensemble mais, parfois, il y a des heurts entre les Bouddhistes et les Musulmans. L’on sent bien, entre les lignes, qu’il existe encore une certaine méfiance.

C’est ainsi que j’ai appris que contrairement aux Cinghalais, les Musulmans avaient encore beaucoup d’enfants, qu’ils avaient des métiers tels que médecins, comptables… qu’ils envoyaient leurs enfants à l’école. En d’autres termes, cela me donnait à penser que les Musulmans commencent à former l’élite du pays.

Le rôle de la femme

Je lui ai ensuite posé des questions sur le rôle de la femme dans la société, qui me semble être, vue de l’extérieur, encore extrêmement patriarcale et conservatrice. Il m’a dit que le nombre de divorces avait augmenté et que l’on ne pouvait pas faire de comparaison entre les femmes vivant en ville (généralement éduquées) et celles vivant à la campagne (encore soumises à l’autorité de leur mari). Quant à l’homosexualité, elle est illégale mais serait tolérée.

Le Tsunami

Pour terminer, j’ai mentionné le Tsunami qui a ravagé l’île en Décembre 2004. Il m’a parlé du musée du Tsunami qui a été construit à quelques kilomètres de l’endroit où nous étions. Beaucoup de personnes ont tout perdu et ont dû vivre  dans des temples, des cabanes… Beaucoup d’enfants sont devenus orphelins et il a remercié les Occidentaux d’être venus en aide à son pays, tout en ajoutant  qu’une partie de l’argent avait atterri « dans les mauvaises poches ».

L’entretien de près de 2 heures touche à sa fin

Nous prenons congé et je remercie encore le moine pour m’avoir donné de son temps et avoir bien voulu répondre à mes questions. Il nous raccompagne à la sortie après nous avoir fait visiter quelques pièces du Temple. Encore tout imprégnée de la douceur et de la sérénité qui règnent en ce lieu,  je le remercie vivement en lui disant que j’ai beaucoup appris de notre entretien et nous nous quittons avec de grands sourires.

C’est le premier « interview » que je viens de réaliser ! Pour  la première fois,  je me  suis trouvée dans la peau d’une journaliste et j’ai adoré cette expérience. Interroger un moine bouddhiste dans de telles conditions m’a remplie de gratitude. Merci à la Directrice du Centre de m’avoir permis de faire cette expérience ainsi qu’à mon interprète, sans l’aide duquel cette rencontre n’aurait pu avoir lieu.

Cet entretien m’a,  en tout cas, vraiment donné l’envie de continuer à entrer en contact avec des personnes vraies et authentiques qui me donnent des informations sur leur pays plus objectivement que ne le feraient certains médias.

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