Lors de mon dernier séjour au Sri Lanka, j’avais décidé d’aller passer quelques jours dans un monastère bouddhiste afin d’en apprendre un peu plus sur la façon de vivre des bonzes. Une amie sri-lankaise m’avait conseillé le monastère Umandawa situé à quelques kilomètres de Kandy. Je ne savais absolument pas ce qui m’attendait ni ce que j’allais y faire exactement pendant 5 jours. L’aventure, l’aventure !
L’arrivée au Monastère
Lors de mon arrivée au monastère, une petite cérémonie avait été organisée, durant laquelle j’ai reçu un collier de fleurs pendant que 4 nonnes entamaient un chant de bienvenue. C’était assez émouvant (bien que je ne comprenne pas les paroles !). Après avoir vu une vidéo sur le monastère, j’ai rejoint ma chambre: une cabane au bord de l’eau, pas très grande mais avec l’air conditionné et 2 lits. Un peu plus tard, j’ai demandé à un bonze combien y avait-il de visiteurs étrangers dans cet endroit : il m’a dit qu’il n’y avait que moi. Oh ! La seule Européenne dans un monastère bouddhiste !
Puis j’ai rencontré un autre bonze, un ancien trader qui habitait au Canada et qui a tout quitté pour venir vivre dans le monastère. Nous avons parlé pendant 2 heures de philosophie, de méditation… C’était un entretien très sympathique et j’ai trouvé assez extraordinaire de parler aussi longtemps avec quelqu’un que je ne connaissais pas du tout ! Nous avons pratiqué ensemble la méditation de surface (méditation samatha – basée uniquement sur la respiration). A 17h30, je suis allée m’asseoir dans l’auditorium et j’ai écouté les bonzes qui priaient.. Puis vint l’heure du dîner, il était excellent mais tellement copieux ! Tous les soirs, on me servait du thé au moringa. C’est devenu une tradition..
Le 1er jour
Le lendemain matin, le bonze m ’a fait visiter une partie de la propriété. Départ à 6h30 !! C’était trés agréable de se promener dans la fraîcheur du matin, de découvrir les plantes, les fleurs, les divers potagers, vraiment fantastique! Un jardin d’Eden ! En fait, pendant cette promenade, j’en ai appris plus sur l’origine de cet endroit. Il y a quatre ans, ce n’était qu’une jungle de plusieurs hectares.
Le “Théro”, le guide spirituel des bonzes de ce monastère (aussi appelé “the Enlightened”) que je rencontrerais pendant mon séjour, a transformé cette jungle en un endroit absolument incroyable. Des logements ont été construits pour les bonzes et les nonnes ainsi qu’une grande cuisine, un restaurant, des lieux de prière et de recueillement, des cabanes pour les visiteurs, des logements pour les retraités… Une école et un hôpital font partie des prochains projets.
On y trouve aussi différents potagers, un grand lac, des rizières, beaucoup d’arbres fruitiers et même quelques animaux (vaches, canards..) ! En fait, tous ces bonzes (que l’on appelle Bikkhu) et nonnes (appelées Bikkhuni) combinent les activités physiques de travail en plein air (ou dans la cuisine) avec des séances de prière qui ont lieu le matin et le soir.
Puis la journée s’est poursuivie agréablement, je commençais à prendre mes marques. Après le déjeuner, très copieux au cours duquel j’ai goûté au riz bleu, j’ai dû supplier le cuisinier de ne pas me donner autant à manger !
Après une séance de méditation (cette fois, c’était de la méditation vipassana) avec mon accompagnateur, je me suis installée au soleil pour lire… C’était tellement agréable et serein .. Le soir, j’ai eu à nouveau droit à un bon dîner. Nous mangions très tôt, la soirée se terminait vers 21 heures environ étant donné que les prières du matin commençaient déjà à 4h30 !
Le 2ème jour
Le lendemain matin (à 6h30), nous avons pris une petite voiturette et nous avons continué à visiter la propriété qui est vraiment immense. Dans ce paradis sur terre, les bonzes, qui ont tout construit, subviennent seuls à leurs besoins et partagent les fruits de leurs récoltes avec les villages environnants. Beaucoup de volontaires venant de l’extérieur, les aident dans leurs diverses tâches.
Les légumes et fruits du jardin sont récoltés, découpés, cuisinés, stérilisés, selon l’usage auquel on les destine par la suite. Après ma promenade du matin et le petit déjeuner, j’ai nourri les poissons, les canards et les vaches ! J’ai aussi aidé à la cuisine (j’ai épluché des patates douces !) et je me suis occupée des plantes dans la nursery. Puis, je suis retournée lire dans la « Tree house » (une maison perchée dans un arbre) . Le bonheur !
Le 4 février étant un jour férié, beaucoup de visiteurs sont arrivés de Colombo. Ils se sont tous mis aux fourneaux et ont préparé de la nourriture excellente. Quelques Sri Lankaises sont venues s’installer à ma table le midi et nous avons bien parlé dans une atmosphère très conviviale. Bien sûr, j’étais la seule Européenne mais je ne me sentais pas mal à l’aise, au contraire. J’ai beaucoup apprécié ces échanges.
Lors du dîner, j’ai rencontré quelques bonzes qui parlaient anglais. Nous avons beaucoup discuté, ils étaient intéressés d’avoir des détails sur ma vie et, quant à moi, j’étais étonnée d’apprendre à quel point leurs parcours étaient différents avant de venir au monastère !
Le 3ème jour
Le 3ème matin, à 6h30, je suis allée me promener avec un jeune bonze, ancien comptable. Nous avons bien discuté et ri tout en découvrant un autre endroit de la propriété.
J’ai passé l’après-midi dans la cuisine car je devais faire un far breton ! J’ai pu le faire avec les moyens du bord et j’ai bien ri quand le bonze l’a installé sur une chaise sous le ventilateur pour qu’il refroidisse plus vite ! Le far breton a ensuite été distribué à la ronde et beaucoup se sont réjouis de cette initiative !
Le 4 ème jour
Le quatrième matin, à 6h30, c’était le « highlight » puisque le « Théro » est venu se promener avec moi pendant 3 heures. Nous avons traversé la propriété en voiturette puis nous sommes arrivés sur une petite colline où ils bâtissaient une pagode. Celle-ci devait être prête pour la fin de la semaine car une grande fête allait avoir lieu au monastère. Il y avait plein de monde à travailler : peintres, maçons, jardiniers…. Le “Théro” m’a même fait planter 2 arbres !!
Le “Théro” surveillait et dirigeait les travaux. C’était incroyable de voir le respect qu’il inspire ! Il faut dire qu’avec sa haute stature et sa robe jaune, il avait un charisme fou. Je pouvais vraiment bien discuter avec lui et j’ai beaucoup apprécié son esprit ouvert et son grand sens de l’humour. J’étais également très impressionnée par son savoir, son autorité (tout en douceur), ses connaissances dans tous les domaines. Une personnalité vraiment très intéressante !
Ensuite, nous sommes revenus près de la maison où il loge quand il est en visite au monastère. Une grande table avait été préparée dans le jardin et il m’a demandé de servir le riz aux bonzes ! Ils sont tous passés à la queue leu leu et je leur ai servi du riz ! Quelle expérience ! Unique !
Puis, je me suis installée sous le porche avec le “Théro” car un petit déjeuner (copieux) nous attendait. Une table pour lui, une table pour moi… Nous avons discuté à bâtons rompus, c’était vraiment très intéressant !
L’après-midi, je suis sortie de la propriété avec un bonze et une nonne. Nous devions aller chercher des plantes dans un village et nous sommes partis en tuk tuk. Puis, nous sommes allés dans la ville voisine car ils avaient quelques courses à faire.
Quand nous étions dans un supermarché et que je discutais avec le bonze, je remarquais que les gens nous regardaient. C’est vrai que nous devions former un spectacle assez inhabituel, la discipline bouddhique interdisant à une femme de se retrouver seule avec un bonze. Mais la nonne restait près de nous…
Néanmoins, c’était agréable de retrouver le calme du monastère après la frénésie de la ville …Mon dernier soir s’est passé autour d’un bon dîner, à discuter avec trois bonzes. C’était vraiment enrichissant et agréable d’échanger avec eux.
Le 5ème jour
Le lendemain matin, je reçois un coup de fil me disant que le “Théro” veut me voir à 6h15 ! Je me prépare rapidement et j’attends près du restaurant. Un bonze m’accompagne à la maison du Théro. Celui-ci me donne un petit bracelet, un petit Bouddha et 2 masques !! Nous discutons encore un petit moment et nous prenons congé. Il me dit de revenir l’année prochaine, pourquoi pas ??
Je vais prendre mon petit déjeuner puis je rassemble mes affaires. Le tuk tuk est déjà là. Je prends congé des bonzes et nonnes qui m’ont accompagnée pendant mon séjour. Je reçois des fleurs (qui donnent au riz cette couleur bleue) et du thé moringa en sachets. J’ai un petit pincement au cœur en quittant cet endroit.
Conclusion
Voilà, mes 5 jours dans ce paradis sont terminés. Quelle expérience ! Dans le train qui me ramenait à Colombo, je repensais à ces jours hors du temps que je venais de vivre. Je suis très fière d’être allée seule dans cet endroit. C’était un challenge que je m’étais fixée et je suis vraiment très contente de l’avoir fait.
Ce n’était pas forcément évident d’arriver ainsi dans un monastère, en tant que femme et en tant qu’Européenne. Je n’aurais jamais cru rencontrer tant d’harmonie, de gentillesse, de bienveillance et de sérénité.
J’ai apprécié le fait que quelqu’un était toujours disponible pour répondre à mes questions et pour me guider, me faire partager leurs expériences, leur cuisine, leur façon de vivre et de penser … Quelle leçon de vie ! Cela m’a empli d’une très grande gratitude envers ces personnes magnifiques et je leur suis vraiment reconnaissante de m’avoir si bien accueillie.