Je n’ai passé qu’une journée à Mihintale mais celle-ci a été riche en rencontres à la fois drôles, émouvantes, intéressantes et parfois éprouvantes. J’aimerais vous parler de mes expériences dans cet article. Vous pouvez retrouver ce que j’ai écrit sur Mihintale dans le lien ci-dessous :
https://un-nouvel-aspect-de-la-vie.com/sri-lanka-la-vis…gne-de-mihintale/
1. La femme mendiante
Dans l’article cité ci-dessus, je parle de la rencontre faite avec une mendiante couverte d’énormes pustules sur le visage et le corps. Je suis passée devant elle en ne croyant pas ce que je voyais. De toute ma vie, je n’ai jamais croisé le chemin de quelqu’un aussi atteint physiquement. Et pourtant, j’ai voyagé dans beaucoup de pays du Tiers-Monde! Alors que nous retournions vers notre tuk tuk, j’ai cherché à voir si elle était toujours au même endroit. Effectivement, elle était toujours là, assise par terre.
J’ai demandé à Chandra (mon chauffeur de tuk tuk) de traduire mes questions, en ayant pris bien soin en amont de lui demander si cela ne la dérangeait pas. Je croyais qu’elle avait la lèpre, mais non. Elle nous raconte qu’elle a 50 ans et qu’il y a 17 ans, elle aurait fait une allergie à une piqûre qu’elle a reçue. Depuis, elle a ses énormes furoncles sur tout le corps et le visage. Ce n’est pas guérissable. Elle en est réduite à mendier pour survivre car bien sûr, dans un tel état, elle ne peut ni travailler ni s’occuper d’aucune façon. Je n’ai pas trop compris si elle avait une famille qui prenait soin d’elle.
Vraiment, elle m’a fait beaucoup de peine. Je lui ai donné des roupies puisque c’est tout ce que je pouvais faire pour elle, mais la vision de cette femme me hantera pendant plusieurs jours.
2. La rencontre avec les Bikkhunis (jeunes nonnes)
Lors de la montée des escaliers, Chandra adresse la parole à tout le monde et entame la conversation avec deux jeunes nonnes qui parlent très bien anglais. Nous discutons un bon bout de temps, elles me posent des questions sur ma vie et moi sur la leur, tout cela dans la joie et la bonne humeur. Je suis toujours un peu intimidée par les bonzes et les nonnes, ils et elles m’impressionnent toujours avec leur air si serein…
Leur père les accompagne et je suis absolument sidérée d’apprendre qu’elles ont respectivement 33 et 35 ans. Je leur aurais donné 13 et 15 ans, ce qui a occasionné d’autres éclats de rire de leur part ! Vraiment, c’était une belle rencontre bien agréable comme je les aime.
3. Le Sri-lankais anglais
Après avoir parlé avec les Bikkhunis, je remarque un monsieur à la peau blanche et assez âgé qui me regarde en souriant. Comme cela fait plaisir de voir un autre Européen dans cette foule ! Je vais donc vers lui pour lui parler et je lui demande s’il est Anglais. Il me répond qu’il est sri-lankais (à mon grand étonnement) et qu’en fait, il a une maladie de peau. C’est pour cela que sa peau est blanche. Oh mon Dieu ! Je ne sais plus où me mettre et je prends le parti de m’excuser tout en riant. Lui-même a beaucoup ri de ma méprise, tout comme les Bikkhunis et leur père qui, apparemment, le connaissaient…
4. La dégustation de manioc
En redescendant sur la place principale, nous remarquons que la foule fait la queue devant différents stands de nourriture. Chandra me demande si je veux manger du manioc. Pourquoi pas, je n’en ai jamais goûté?
Je m’apprête à rejoindre le bout de la file quand un policier passe par là, me prend par le bras et, à mon grand embarras, me fait passer devant tout le monde (sans qu’il y ait l’ombre d’une protestation). Impensable en Europe ! Il me conduit derechef vers les personnes qui distribuent la nourriture et, rapidement, je me retrouve avec deux feuilles de bananier remplies de manioc et de sambol (noix de coco épicée) entre les mains. Une personne va me chercher une chaise et je commence à manger. C’est irréel, je n’en reviens pas ! Toute seule (avec Chandra) au milieu de cette foule gentille, paisible, souriante et tolérante. J’en suis tout émue …
5. Les jeunes gitanes
A notre arrivée, nous avions rencontré un groupe de jeunes gitanes qui mendiaient, la plupart étaient toutes enceintes. A notre départ, l’une d’elles s’est approché de nous pour nous vendre des bâtonnets d’encens. Elle vendait ses bâtonnets 200 Roupies (environ 50 centimes). Chandra en achète 2 paquets, lui donne 400 Roupies et lui rend ses bâtonnets d’encens. La jeune femme fait de grands yeux étonnés. J’ai assisté silencieuse à la scène, je ne savais pas trop quoi dire ni quoi faire. Encore une belle leçon d’humanité à retenir !
6. La famille de Chandra
Sur le chemin du retour, Chandra me propose d’aller voir sa sœur qui est malade et qui habite un quartier très pauvre. Elles sont apparemment 4 générations à vivre dans cette maison, dans le dénuement le plus total. Je m’assoie sur un canapé défoncé. Chandra me raconte la vie de sa sœur (qui a une blessure à la jambe), de sa nièce (qui a un cancer de la thyroïde). Je suis assez choquée de ce que je vois et entends et je me demande par moments ce que je fais là !
Chandra me raconte que le gouvernement leur donne 3000 Roupies par mois pour vivre (à peine 8 Euros). Il y a là une adorable petite fille d’un an et en la voyant, je me demande quel sera son avenir. Comme tout ceci est injuste ! Sa maman me sert du thé et une des sœurs de celle-ci apparaît. Elle habite juste à côté avec sa famille et je suppose que ma présence a été vite remarquée dans ce village. Par moments, la sœur de Chandra qui a une blessure à la jambe pousse des hurlements en se tenant le genou.
Enfin, Chandra se décide à partir et je donne de l’argent à la maman de la petite fille (que puis-je faire d’autre ?). Les deux sœurs s’agenouillent devant moi et se prosternent à mes pieds. Je ne sais plus où me mettre. La nièce et la sœur malade me remercient aussi. Je suis soulagée de remonter dans le tuk tuk et j’ai vraiment le cœur gros. Quand je pense que nous, les Occidentaux, nous avons tendance à nous plaindre de ceci ou cela… Quand on rencontre des gens qui vivent dans un tel dénuement et qui sont si gentils, cela remet vraiment les pendules à l’heure et cela apprend à relativiser.
7. Conclusion
Je me souviendrai toujours de cette journée à Mihintale. C’étaient les rires, les rencontres improbables, la tristesse devant la maladie et le handicap, mais aussi les jolies bouilles des enfants aux yeux noirs et au sourire éclatant… Certes, je me suis délestée de mes roupies mais que faire devant tant de misère? Peu importe les roupies si j’ai pu apporter un peu de joie et de réconfort à ces personnes en difficulté. On se sent presque coupable parfois de ne pas avoir ce genre de problèmes. Une journée enrichissante et pleine d’humanité!